C'est tout ? je demande. Il me regarde ahuri. Genre tête de chien battu ou d'enfant qui a fait une énorme bêtise. Il ne comprend pas. Normal il n'a rien fait de mal. Enfin pas concrètement. Il hausse un sourcil. Puis l'autre. Il hausse les deux sourcils quoi. L'espace d'un instant il reste muet. Allez, trente-six s'condes, chronomètre en main ! Bon remontons en arrière. Quelques minutes en arrière. Une fille splendide, grande, belle, blonde -moi- entre dans un café. Un garçon, vraiment mignon, l'attend à une table. Il voit la blonde entrer, il sourit, lui fait signe. Elle s'assoit en face de lui. Ils commencent à discuter. Tout se passe bien. Tout se passe bien jusqu'à ce que le garçon lance étourdiment Tu es belle Je manque de m'étouffer -Oui, j'arrête de parler à la troisième personne, ça fait so Alain Delon- donc, je manque de m'étouffer. Avec ma salive puisque mon cappuccino n'est pas encore arrivé. Le garçon, nous l'appellerons Bob, pose sa main sur la mienne. Technique de drague ? Je ne pense pas, il parait inquiet. Il me demande si ça va. Oui ça va, je ne vais pas crever enfin pas encore. Nous arrivons donc à la scène fatidique. C'est tout ? C'est vrai quoi. Vous vous seriez contenté d'un tu es belle, vous ? J'ai l'impression qu'il est devenu muet, je lui ai coupé le sifflet. Il est abasourdie. Je me lève. Je suis certaine qu'a cette instant précis il rêve que je tombe, que je m'étale devant ce restaurant plein de monde. Mais non. Je sors gracieusement. Genre mannequin, liane de deux mètres sur mes talons de douze. C'est un sans faute, un score parfait, je slalome entre les tables avec une aisance maitrisé. Mario Kart à côté c'est du gâteau. Petite parenthèse, si vous vous posez la question, mes chevilles vont parfaitement bien. Dehors il pleut -il mouille c'est la fête à la grenouille- heureusement que Bob ne me voit pas courir après un taxi, le sac à main portait au dessus de la tête en guise de parapluie. Assise sur la banquette arrière d'un vieux taxi j'allume une cigarette. Le chauffeur me montre une pancarte interdiction de fumer. Je ris. Je m'en contre fiche. Il est interdit de fumer dans ce taxi mademoiselle. Il est interdit de fumer le shit, de voler dans les magasins, d'insulter les agents de police, de sécher les cours, de nourrir les singes du zoo, de rouler à cent cinquante. ET ALORS ? La vie est tellement plus palpitante quand elle est faite d'interdits -copyright antigone delmare- Bon, peut être moins amusante quand les interdits sont suivi d'une heure au poste. Ça, on le voit pas dans les films ! Allez quoi, ce n'est qu'une simple cigarette rien d'illégal ! Je bats des cils, affiche un sourire charmeur, croise les jambes. On me laisse sortir. Le chauffeur bougonne. Je lui tire la langue. L'agent de police me fusille du regard. Au moment où je franchis la porte, je heurte Bob. Il me fixe avec des yeux ronds. Style, qu'est ce que tu fais là ? J'hésite à me faire passer pour une justicière masqué grâce à qui on vient d'arrêter une bande de voyous, genre, wonder woman. Le problème c'est pas le masque ou la cape, ça j'aurais pu m'en passer, mais c'est les deux colosses en tenue de fonction qui m'encadre. Que cela ne se reproduise plus mademoiselle ! lance le plus grand. Je hoche la tête. Les joues rouges. L'autre agent donne une tape amical Bob puis il part à la suite du premier. Bob me regarde. Je baisse les yeux. Un petit démon est apparu sur mon épaules et me chuchote à l'oreille. Qu'est ce que tu es en train de faire Tina ? Lève la tête bordel de merde ! Tu n'as (presque) rien fait de mal ! Un autre démon s'installe sur ma tête. De toute façon il était pas si beau que ça et puis regarde ses chaussures, tu pourrais trouver bien mieux ! -Oui, je suis anormalement constitué, j'ai tendance à voir deux démons plutôt qu'un ange et un démon- Je décide finalement d'écouter les démons et de me ressaisir. Je ne savais pas que tu étais de la police. Bob me jette un coup d'œil. En réalité je ne sais rien de lui. Enfaite j'ai même oublié son prénom. D'ailleurs où est ce que je l'ai rencontré ? Sûrement lors d'une soirée. Je me souviens juste du post it "Rdv 15h bar Hôtel Barrière" collé sur ma table de nuit. La seule raison pour laquelle je me suis rendu au rendez vous, c'est parce que je pensais que ce post it venait de mon meilleur ami, Auxence. Visiblement non. Je ne savais pas que tu étais criminelle. Mais c'est qu'il a du répondant ce petit. Je cherche une réponse cohérente. En temps normal j'aurais trouvé assez rapidement mais là, j'ai du mal. Cerveau court circuité, panne, error, game over. YOU LOOSE. Finalement, un des agents appelle Bob. Il part. Je rentre chez moi. A pieds. La maison est vide. La maison est toujours vide. Normal mes parents ne sont pas là. Enfaite ils ne sont jamais là. Petit mélodie au violon. Là, vous vous dites peut être - ou pas- que je suis une pauvre petite enfant abandonnée. Bon, d'accord, j'ai vingt deux ans. OK, j'arrête avec ma mine de chien battu. C'est plutôt cool d'être toute seule. J'étais sûr que tu rentrerais en moins de deux heures ! Tu m'dois dix balles Max ! Ma maison n'est pas vide finalement. Mon frère et mon meilleur ami sont vautré dans les grands canapés de cuir. Ils jouent a la console. Ils sont au courant de tout. Normal, l'agent les a appelé. Max s'est fait passer pour mon père. Comme d'hab. Oup's. Vous allez croire que j'ai l'habitude de me faire arrêter. En réalité pas du tout. Ou presque pas. Enfin juste une fois pour tapage nocturne, une fois pour